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samedi, 25 août 2007

Raymond Barre et les panégyriques

 3ca847dd67d6a6e55e5bc004d061ae65.jpgIl n'y a pas plus talentueux qu'un artiste qui vient de mourir.

Il en va parfois de même des hommes politiques qui lors de leur mort se découvrent une soudaine popularité. Je me méfie des phénomènes de groupes quels qu'ils soient. J'ai trop lu sur les effets pervers qu'ils ont eus dans l'histoire. Lorsque les uns et les autres répètent les discours ambiants plutôt que d'apporter leur pierre, alors le groupe devient dangereux car il accorde le pouvoir du nombre aux idées préconçues.

Certains politiques se targuent d'être en phase avec les émotions du moment - ils vont jusqu'à en faire une méthode de gouvernement. D'autres se font plus voir aux enterrements que dans les hémicycles ou à la rencontre des gens. De mon côté je me méfie comme de la peste des mouvements de foule et des sautes d'humeur. Quelle que soit l'émotion que j'éprouve à l'annonce de la mort de Raymond Barre je ne céderai pas à la tentation du panégyrique.

Raymond Barre m'a souvent impressionné et, oui, aussi paradoxal que ça puisse paraître enthousiasmé. Je mesure encore aujourd'hui à quel point la France serait aujourd'hui différente si les Français lui avaient fait confiance aux présidentielles de 1988. Je mesure surtout l'héritage historique du septennat de Giscard auquel Raymond Barre a beaucoup contribué : droit de vote à 18 ans, droit à l'avortement, divorce par consentement mutuel, modernisation de l'industrie française, indépendance énergétique avec le développement des centrales nucléaires et la création d'une société nationale pétrolière, mise en oeuvre de la pluralité des médias avec l'éclatement de l'ORTF, création de l'Ecu qui précède l'avènement de l'Euro, construction européenne, renforcement des liens franco-allemands, premiers gouvernements où les femmes ont des ministères de premier plan.

Je crois que ce n'est pas un hasard si Raymond Barre est l'un des très rares premier ministres de notre histoire récente à avoir remporté des élections législatives (en 1978).

Ce matin, j'ai été ému d'apprendre le décès de Raymond Barre. Voilà une mort bien différente de celles qu'on nous annonce chaque jour de ces artistes et responsables qui décèdent faute de n'avoir jamais su décrocher et passer le relais.

Mais cette mort ne doit pas pour autant nous conduire à nier la part d'ombre bien humaine du décédé. Les propos trop ambigus qu'il a tenus sur l'attentat de la rue des Rosiers ou sur Maurice Papon.

Je lui reproche aussi de n'avoir pas eu suffisamment d'influence. A quoi bon avoir les meilleures idées si l'on n'est pas aussi capable d'influencer la politique nationale : malheureusement, Raymond Barre a eu moins d'influence sur le cours de l'histoire de notre pays que des hommes aussi malhonnêtes que Mitterand, incompétents et malhonnêtes que Chirac et simplistes et sectaires que Le Pen.

 

13:55 Publié dans Politique nationale | Commentaires (1) | |  Facebook | |  Imprimer | |