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vendredi, 19 octobre 2007

Juré à la cour d'assise de Haute Savoie (5) : le pouvoir de dire non

 Saint-Julien-en-Genevois

Certains des faits jugés, résultent de l'effet de groupe. L'individu pour préserver son appartenance à un groupe se révèle incapable de dire "non" et d'arréter la machine "sociale" qui court vers le drame.

Ce phénomène a été beaucoup décripté par des auteurs Allemands de l'après guerre au sujet de la montée du nazisme. Heinrich Böll avait décrit ce phénomène comme un peuple qui monte dans un tram. Le tram avance, puis roule de plus en plus vite.. et à un moment il finit par aller trop vite pour que quiquonque puisse redescendre du tram. Ce phénomène de groupe explique certains des crimes que nous avons dû juger.

Je songe aux très nombreuses décisions publiques de masses qui sont prises en ce moment sous la houlette d'une presse uniforme qui a perdu la diversité des opinions sous l'effet de la concentration du capital des médias entre quelques propriétaires.

Je me méfie comme de la peste des pensées de masse, trop évidentes et unanimement partagées pour être vraies. Cette expérience de cour d'assises me conduit à continuer dans cette voie là.

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lundi, 15 octobre 2007

Juré à la cour d'assises de Haute Savoie (1)

 Saint-Julien-en-Genevois

La loi et le sort m'ont désigné juré à la cour d'assises de Haute Savoie pour la session d'automne. Tirage au sort au niveau de la commune de Saint-Julien-en-Genevois puis du département. J'ai déjà participé au jugement de trois affaires. La loi ne m'interdit que de parler du délibéré, mais par respect pour les familles concernées, je ne parlerai même pas des affaires jugées mais simplement de l'expérience humaine et de ce qu'elle m'a révélé de notre société et de la nature humaine.

D'un point de vue personnel c'est une expérience éprouvante : physiquement, car les affaires sont si graves et les conséquences telles qu'on ne peut se permettre quelques minutes d'inattention au cours des longues journées de débat, humainement, on plonge dans la profondeur des pires aspects de l'humanité, dans ce qu'ils ont de plus terribles mais aussi de plus fragiles, nerveusement, depuis quelques jours je songe souvent aux victimes et aux condamnés. On tente autant que possible et avec pas mal de succès de juger froidement, de garder un égal équilibre entre les intérêts des victimes, ceux des accusés et ceux de la société. Mais on ne peut pas passer des dizaines d'heures à écouter les uns et les autres et les analyses psychologiques sans au final s'attacher aux êtres humains qui sont les protagonistes de ces drames.

C'est aussi éprouvant professionnellement : après trois mois de congé sans solde pour les élections législatives au printemps et avant les élections municipales de mars, j'ai encore dû demander à mon employeur déjà 7 jours d'absence. Heureusement qu'ils tiennent à mes compétences.

Cette expérience m'a aussi permis de voir de très près les rouages de la justice. Je suis admiratif du professionalisme de la très grande majorité des intervenants. La justice est difficile à rendre... surtout lorsque l'Etat est en faillite et ne lui accorde pas les moyens dont elle a besoin. Je suis admiratif du professionalisme des avocats, procureurs et juges que j'ai pu rencontrer. Avant que nous ne parvenions à rééquilibrer les comptes de l'Etat nous aurons encore besoin de pouvoir compter sur leur professionnalisme pour que la justice soit rendue dans ce pays.

Mais c'est surtout sur la nature humaine et la société que j'ai beaucoup appris depuis quelques jours. Voila un sujet qui va alimenter les notes de ce blog dans les prochains jours.

 

 

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