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jeudi, 08 avril 2010

La ligne D Saint-Julien-Genève victime de son succès

Inauguration ligne D.jpgHier avait lieu l'inauguration de la nouvelle ligne D entre Saint Julien et Genève. Depuis le mois de décembre, les capacités de l'une des rares lignes de bus transfrontalières ont été augmentées de +40%. La fréquence aux heures de pointe est passée de15 à 12 minutes. Les nouveaux bus peuvent accueillir 174 passagers contre 150 pour les anciens. Une augmentation de capacité extrêmement utile alors que seulement environ 4% des déplacements quotidiens transfrontaliers sont effectués en transport en commun contre 25% pour les déplacements entre Vaud et Genève.

Une augmentation de capacité bienvenue : ce sont environ 3205 voitures en moins sur les routes, environ 3000 tonnes de CO2 en moins émises par année et environ 1000 euros d'économie par an pour les nouveaux usagers (voiture, parking, essence). Ces améliorations ont été apportées avec un surcoût assez faible pour la collectivité parce qu'il s'agit de transport en commun.

Par ailleurs, l'extension de la ligne D jusqu'à VitamParc les mercredis et samedis est co-financée par la Migros. Un soutien privé de Migros à un transport public à applaudir alors que d'autres entreprises se préoccupent plus d'évasion fiscale, de bonus à des managers irresponsables que de responsabilité sociale et publique. Dans cette affaire, Migros est exemplaire pour son comportement responsable.

Ce nouveau contrat pour la ligne D a été conclu pour les 7 prochaines années. Seulement 3 mois après son inauguration, la fréquentation de la ligne D a déjà augmenté entre +30% et +45% selon les sources. Quelque soit ce chiffre, il indique que la ligne D sera très vite saturée. Dans un an, deux tout au plus.. mais bien avant l'échéance des 7 ans prévue par le contrat. Au vu des délais de négociation, il faudrait presque déjà commencer à travailler au prochain contrat, à peine l'inauguration terminée !

C'est un joli succès pour cette ligne D, mais cela souligne les déséquilibres existants dans l'agglomération du Genevois franco suisse. Le sous équipement en transport en commun transfrontalier est flagrant. Le succès quasi immédiat de cette nouvelle ligne D montre que les nouvelles lignes de transport en commun transfrontaliers seront prises d'assaut partout où elles arriveront. Aujourd'hui les habitants sont prêt à utiliser les transports en commun, c'est l'absence d'offre transfrontalière qui en limite l'usage.

Mais ce succès souligne aussi une seconde incohérence. Si les transports en commun transfrontaliers servent au canton de Genève à exporter encore plus de population alors ils ne résoudront rien aux problèmes de transport et aux déséquilibres économiques du Genevois. Les capacités nouvelles seront immédiatement prises d'assauts par une partie des nouveaux habitants que le canton aura fait venir dans le Genevois et que les communes genevoises auront refusé de loger. Ces nouvelles capacités ne pourront absorber ces besoins de transports supplémentaires : il faudrait un CEVA supplémentaire tous les 7 ans pour absorber autant de nouveaux pendulaires.

Pour les habitants du Genevois français la poursuite de cet exode des Genevois aurait des conséquences dramatiques : destruction des emplois privés et publics en raison de la pression foncière intolérable, expulsion des ménages modestes et des jeunes ménages du Genevois français, aggravation de la paralysie généralisée dans les transports pour toute la région. Les maçons, les professeurs, les policiers, les fonctionnaires territoriaux, les caissières, les infirmières n'ont déjà plus les moyens de vivre dans le Genevois français, tout particulièrement les jeunes ménages.

La collaboration entre le canton de Genève et les autorités françaises est nécessaire pour préserver aujourd'hui et améliorer demain la qualité de vie des habitants. Les problèmes de logement et de mobilité passent à travers les frontières, les élus qui veulent les résoudre doivent aussi les dépasser. C'est le sens du projet d'agglomération auquel beaucoup participent. Mais il ne suffit pas d'y participer, il faut encore tenir les engagements qui y ont été pris. Le canton de Genève a pris en décembre 2007, l'engagement de construire 1600 logements par an. Un engagement ridiculement faible au regard des 5000 logements nécessaires pour stopper l'aggravation des problèmes de mobilité. Un engagement ridicule pourtant déjà violé en 2008, puis à nouveau en 2009 avec seulement 1230 logements construits. Cette violation des engagements du canton est un coup de canif porté à la coopération transfrontalière.

Il faudra pourtant retrouver la voie de la coopération sur les logements pour que se poursuive la coopération sur les transports en commun. Il faudra que les autorités cantonales tiennent leur engagement de construire 1600 logements, et maintenant 2500 logements par an pour que la coopération transfrontalière sur les transports en commun se poursuive.

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